e suis un ancien ingénieur chimiste aujourd'hui à la retraite.
Après ma sortie de l'Ecole de Chimie, j'ai commencé ma carrière comme ingénieur dans le centre de recherche d'une société chimique où j'ai dirigé pendant quelques années une équipe de jeunes enthousiastes dans le domaine des produits chimiques et services pour le génie civil. L'aventure a débuté lorsque l'on m'a envoyé à Venise, où un professeur d'Université autrichien spécialiste du génie civil m'a demandé de travailler à la mise au point d'un système de produits injectés dans le sol qui permettrait de stopper l'enfoncement de la célèbre lagune.
La technique au point, ce fut le départ d'un tour du monde des métros en construction. Mon employeur construisit, juste pour mon équipe et moi-même, un grand laboratoire équipé de tout le matériel que je pouvais désirer, dont une salle climatisée dans laquelle on pouvait travailler dans une plage de températures comprises entre -20 et +50 degrés, dans laquelle les opérateurs, convenablement équipés en fonction de la température, pouvaient effectuer toutes les opérations voulues.
Nous avons travaillé à la mise au point d'un système de scellement rapide pour les mines de charbon (aujourd'hui en vente dans tous les magasins de bricolage, mais plus dans les mines). Nous avons également mis au point en coopération avec un grand cimentier, un superfluidifiant pour le béton. Aujourd'hui, la plupart des camions toupies qui circulent dans les villes françaises contiennent ce superfluidifiant qui donne au béton frais une très grande fluidité tout en utilisant moins d'eau dans sa composition, ce qui conduit finalement à une résistance à la compression augmentée de 30 à 50 %.
Nous avons également mis au point une technique de consolidation des sols par injection qui a été utilisée dans le monde entier sous notre contrôle pour la construction des métros et de certains tunnels routiers.
La vie vous révèle quelquefois son lot de surprises et d'obligations : J'ai dû, un beau jour, quitter mon cher laboratoire et me mettre au travail dans la PME familiale pour assister mon père. Là, j'ai appris un autre métier : le textile et la thermique, mais surtout la gestion du personnel ainsi que la comptabilité et la gestion fiscale.
Je suis revenu à la chimie dès que cela m'a été possible, dans une grande entreprise française (un temps nationalisée) qui m'a offert une formation d'administration des entreprises à l'INSEAD, et où j'ai occupé ensuite différents postes de gestion internationale de produits, principalement des intermédiaires pharmaceutiques et phytosanitaires.
Puis, j'ai émigré vers le Texas avec ma famille, où j'ai installé et dirigé l'établissement local de la filiale "société de service pétrolière" de mon groupe. L'activité principale de cette société de service était la récupération assistée du pétrole. Cette activité m'a donné l'occasion de lier des contacts fructueux avec un certain nombre de société pétrolières grandes et petites, et aussi d'aller assister à la mise en ouvre de nos produits sur les "rigs" de forage, sur les plates-formes en mer et dans les champs d'exploitation. C'est certainement cette période qui a été la plus passionnante de ma carrière. J'étais jeune (40 ans) et plein d'enthousiasme, et j'avais à résoudre quotidiennement des problèmes innombrables dans un nouveau pays, mais c'était vraiment passionnant et j'ai appris à me débrouiller dans toutes les situations. Je garde de cette expérience la nostalgie de ce merveilleux pays où tout peut devenir possible pourvu qu'on s'y mette sérieusement.
De retour en France, et fort de ma nouvelle expérience, j'ai repris une activité de business de produits chimiques, d'abord pour une filiale du groupe, puis pour 2 sociétés américaines successives, la dernière spécialisée dans la fabrication et la vente d'intermédiaires chimiques dangereux. Je dois souligner que mon expérience américaine m'a énormément servi pour comprendre et faire comprendre à une entreprise américaine les apparents paradoxes (aux yeux des Américains) du comportement des Français dans le domaine de la fabrication et de la commercialisation des produits chimiques.
J'ai malheureusement terminé mon activité salariée sur un épisode douloureux puisque j'ai été victime d'un grave accident de la route qui m'a mis dans un fauteuil roulant pendant plusieurs mois à la suite d'une rupture de vertèbres : fini le golf, fini le vélo... Heureusement, la nature a repris petit à petit le dessus, et j'ai marche ensuite (presque) normalement sur mes 2 pieds.
Pour conserver une activité technique malgré mon immobilisation physique, je suis devenu, à cette époque, ingénieur-conseil en thermique, d'abord en faisant uniquement des calculs, ensuite, la passion du laboratoire revenant, en effectuant des tests pour le compte de clients, au fur et à mesure que mes possibilités physiques se rétablissaient. J'en suis sorti en 2012 - même les meilleures choses ont une fin - mais j'ai eu le plaisir de retrouver pendant quelques années le domaine que j'ai aimé par dessus tout : le laboratoire.
En dehors des questions scientifiques qui m'ont toujours passionné, bien que mes fonctions m'en aient éloigné beaucoup à certaines périodes de ma carrière, je suis musicien amateur : je joue de la contrebasse (classique et jazz), instrument qui, d'après mes camarades musiciens d'orchestre, possède l'immense avantage d'être à peu près le seul auquel on puisse se raccrocher lorsqu'on a des problèmes d'équilibre comme j'en ai encore quelques uns..
Je n'ai aucune compétence particulière dans le domaine climatique. Jean Jouzel a fait la même école que moi, 2 ou 3 ans après. Cela pour dire que la chimie peut mener à tout, même à la climatologie...
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