e gouvernement doit tous les ans résoudre un problème récurrent : on l’appelle le budget. Il consiste à faire correspondre une liste de dépenses prévues, ordinairement classées dans l’ordre des ministères qui les présentent à l’approbation des parlementaires, avec une liste d’impôts et de taxes. Les gouvernements n’ont en effet aucun autre moyen que ces deux instruments de se procurer de l’argent.
Depuis plus de 40 ans néanmoins, devant la difficulté d’équilibrer ses comptes, le gouvernement a fait appel au crédit. Celui-ci est, comme chacun le sait, un moyen de régler les urgences en empruntant provisoirement sur le marché financier pour rembourser dès que possible. Le problème c’est que le provisoire est progressivement devenu définitif, et que la partie des dépenses non couverte par les recettes est finalement devenue monstrueuse.
Actuellement, une agence spécialisée appelée France-Trésor emprunte à 10 ans pour rembourser les emprunts antérieurs qui arrivent à échéance. L’opération, qui est par ailleurs un classique de l’escroquerie financière, s’appelle la cavalerie bancaire. Elle est punie par la loi si elle est pratiquée par des personnes physiques ou morales. Elle est cependant largement pratiquée par certains gouvernements qui n’arrivent pas à ne pas dépenser plus que ce que les impôts et taxes leur rapportent.
France-Trésor se livre donc à un exercice qu’on appelle « faire rouler la dette », c’est-à-dire que ses agents remboursent le principal[1] de la dette arrivant à échéance avec de l’argent provenant d’une nouvelle dette. L’opération est plutôt rentable si les taux d’intérêt sont négatifs ou nuls. Elle ne l’est pas si ceux-ci (re)deviennent positifs.
Devant l’augmentation vertigineuse du prix de l’énergie, le gouvernement français a décidé de payer une partie du prix à la place du consommateur français pour sa consommation d’électricité, de gaz et de carburant. Il appelle cette opération le « bouclier tarifaire », voulant donner par le choix de ce mot l’impression que les Français sont protégés par ce dispositif. Il a annoncé que le coût de l’opération avait déjà été de 24 milliards pour environ 1 an.
24 milliards, ce n’est pas rien. Cela représente 360 euros par Français, pas loin de 1 000 euros par famille. Comme le gouvernement n’a pas un kopek pour payer ça, il doit emprunter, actuellement donc à environ 2 % sur 10 ans. En conséquence, il doit payer 24 x 2 % = 480 millions par an, soit 4,8 milliards sur 10 ans et rembourser le principal (24 milliards) à l’échéance. Le « bouclier » s’ajoute donc simplement à la dette publique dont le service est payé par le contribuable. Cela revient simplement pour le contribuable à décaler de quelques années le paiement de l’électricité ou du gaz qu’il consomme, en payant en plus les intérêts. Enfin, pas tout à fait : il paye aussi au passage une partie du prix de l’énergie consommée par d’autres. Et le gouvernement reçoit les remerciements des consommateurs pour sa générosité…
Ce petit geste de Monsieur Macron aidé de Madame Borne, destiné à éviter la colère de certains consommateurs qui pourraient imiter les gilets jaunes qui leur font si peur, est donc créateur d’un alourdissement de la dette publique de 480 millions d’euros par an. La particularité de cet alourdissement est d’être éternel, c’est-à-dire qu’il ne s’arrêtera jamais dans les conditions financières actuelles. Pour l’arrêter, il faudrait que le gouvernement dispose de 24 milliards d’euros qu’il ne possède pas, et qu’il les rembourse à son créancier. Mais, il est important de noter que cette charge s’ajoute à une multitude d’autres charges éternelles elles aussi, conséquences de dépenses nouvelles engendrées pendant la période dite du « quoi qu’il en coûte », et des dépenses de toutes sortes crées et acceptées par les députés depuis que l’on a décidé de dépenser systématiquement plus que ce que les impôts et taxes rapportaient, c’est-à-dire depuis l’année 1978. Le cumul de ces excès de dépenses sur les recettes représente la bagatelle de 2 902 milliards d’euros à fin mars 2022 soit environ 43 000 euros par Français. Avec un taux d’intérêt de 2 %, ce montant représente une dépense de 58 milliards par an uniquement pour le paiement des intérêts. Mais à cela, s’ajoute ce que de nombreux commentateurs bizarrement négligent (ou ignorent) : le remboursement du principal qui, s’il s’effectue sur 20 ans par exemple, sera d’environ 145 milliards par an.
L’énormité de ces chiffres conduit certains à penser que cette dette ne sera jamais remboursée. La question qui se pose est cependant : quelles seront les conséquences de cette défection ?
L’extinction de la dette publique, même décrétée et actée soudainement et sans crise, supposition qui demande un optimisme à mon avis démesuré, conduit à un nouveau problème de taille qui est le suivant :
En cas d’effacement soudain de la dette, (« Monsieur le créancier, je déclare ne plus rien vous devoir à partir d’aujourd’hui ») on peut être sûr que les créanciers floués n’accepteront évidemment pas de recommencer immédiatement à prêter. Si plus personne ne veut prêter, les ressources du gouvernement se trouveront brutalement amputées du montant du « trou » habituel du budget appelé innocemment “déficit à financer“ qui est d’environ 154 milliards pour l’année 2022.
Sachant que le total des dépenses prévues de la France était pour 2022 de 523 milliards, le problème à résoudre sera : où rogner sur des dépenses de 523 milliards, sachant que les ressources auraient baissé de 154 milliards, soit presque 30 % du total ? Le problème apparait tellement dépourvu de solution qu’on peut être sûr que le gouvernement ne se mettra jamais volontairement dans une telle situation.
Cependant, on peut aussi redouter que la crise finisse bien par éclater un jour ou l’autre, probablement parce qu’une agence de notation rétrogradera sérieusement la note de la France. Ce jour-là, les taux d’emprunt remonteront brusquement, et le gouvernement risque de n’être plus en mesure de faire fonctionner son administration parce qu’il ne pourra plus assurer le salaire de ses fonctionnaires. Et ceux-ci se trouveront évidemment dans la rue. On regrettera alors que leur nombre soit si élevé…
L’humain est ainsi fait qu’il s’habitue aux risques qui grandissent sans bruit, et il les ignore. Au lieu de nous bassiner en permanence avec des risques hypothétiques climatiques ou maritimes, les médias seraient mieux avisés de nous mettre en garde contre les risques réels et immédiats comme celui décrit plus haut…
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ussitôt dit aussitôt fait : après avoir annoncé son ambition de construire en France 1 million de voitures électriques (VE) d’ici à 2027 et 2 millions pour 2030, le « bonus » gouvernemental passera prochainement de 6 000 à 7 000 euros. Autrement dit, l’Etat, qui n’a toujours pas un sou d’avance, va emprunter de quoi payer tous les bonus, 1 million (de bonus) d’ici 2027, 2 millions d’ici 2030. Soit respectivement 7 milliards ou 14 milliards d’euros.
Et allez donc avec les milliards qu’il faudra bien rembourser avec des taux d’intérêt qui grimpent, qui grimpent… Mais ne nous inquiétons pas : le Président actuel ne sera plus aux manettes au moment du remboursement. Et les malheureux Français qui n’auront pas acheté les 2 millions de VE qui seront fabriquées en France d’après le Président, seront environ 67 millions à être invités à rembourser ce pactole, qui s’ajoute d’ailleurs à tous les pactoles correspondant aux autres QuoiQuilEnCoûtes du Président actuel et de ses prédécesseurs.
Voilà donc le côté financier de l’affaire. Mais, au fait, est-ce bien réaliste pour un Président de tous les Français de décider brutalement de la fabrication en France de millions de véhicules électriques ? Un économiste, Flavien Neuvy, directeur de l’observatoire Cetelem pour les voitures, pense que non. Son argument : Le plus grand marché du monde pour les voitures électriques est la Chine (2,4 millions de VE immatriculées en Chine au premier semestre 2021, 63 905 en France dans le même temps). Les Chinois ont 15 ans d’avance sur nous, et bénéficient de prix de revient extraordinairement avantageux par rapport aux prix de revient français. Ce sont donc eux qui se lancent actuellement à la conquête du marché mondial et qui vont profiter pleinement du bonus en France, en vendant leurs VE à des prix défiant la concurrence des constructeurs locaux.
La vision complètement myope du marché que nous montre le Président n’est pas nouvelle : les Présidents précédents, grisés par les pouvoirs que leur donne la Constitution Française, pensaient eux aussi modeler selon leurs propres fantasmes le marché français sans trop se préoccuper de l’état de la concurrence mondiale. Ainsi, dans un domaine différent, l’informatique, le concurrent de la première heure d’IBM, Machines Bull, devait devenir un des leaders mondiaux des ordinateurs avec le Plan Calcul lancé par le Général De Gaulle en 1966 : ce fut un fiasco complet, et Valery Giscard D’Estaing y mit fin en 1975, mais lança le projet Minitel, repris et amplifié par François Mitterand. Ce projet fut lui aussi un grand fiasco qui retarda en outre l’adaptation des Français à l’usage des moteurs de recherche sur l’Internet.
Plus tard, toujours dans le domaine de l’informatique, François Mitterand impulsa l’Informatique pour tous, lancé par Laurent Fabius en 1985. Ce fut, là aussi, un échec complet, et le plan fut abandonné en 1989.
Chaque fois, le processus est le même : le politique, confronté à un problème qui porte sur des domaines variés souvent très techniques, et alors qu’il n’a aucune compétence dans ces domaines, invente une solution à base de milliards d’argent public qui reflète ce qu’il a compris du projet et surtout ce qui flatte l’électeur. Et chaque fois, le merveilleux plan s’écroule lamentablement après avoir coûté un pognon de dingue, parce qu’un ou plusieurs facteurs essentiels n’ont pas été pris convenablement en compte.
Voici un de ces facteurs : pour équiper ces VE, il faut des batteries qui représentent environ un tiers du coût total de fabrication du véhicule. D’où l’idée (géniale) d’un nouveau plan européen appelé airbus des batteries, qui a déjà mis en jeu la bagatelle d’environ 8 milliards d’euros. Le plan consiste à mettre en place une chaîne de valeur[1] européenne pour les batteries au lithium. Il se trouve en effet que pour le moment, cette partie importante de la VE, provient essentiellement d’Asie. En fait, actuellement, seule 1 % de la production mondiale de cellules lithium-ion émane de l'Union européenne.
On n’a pas de procédé génial et exclusif pour fabriquer ces fameuses batteries ou pour les recycler, mais on a déjà choisi l’emplacement des futures usines (France, Allemagne et Suède) et même leur nom générique (gigafactories) parce qu’il est plus simple et moins cher d’innover dans le vocabulaire que dans la réalité de tous les jours.
Le choix des pays qui abriteront ou abritent déjà ces gigafactories reflètent bien l’origine politique du projet, et constitue un indice assez sûr de son cassage de gueule futur. En effet, alors que les constructeurs automobiles ont depuis longtemps compris que le coût de fabrication des voitures étant essentiellement constitué par la main d’œuvre, et qu’il faut donc investir dans les pays où celle-ci est la moins chère, les politiques ont encore frappé et choisi des localisations où elle est la plus chère (mais où habitent leurs électeurs…). Cependant, soyons honnêtes : quelques fabricants européens ont investi dans des usines en Chine. Ceux-là ont compris ce côté du problème. Mais pas les politiques.
Les entreprises européennes qui participent au projet sont au nombre de 17. Parmi elles, Stellantis, Saft (filiale de TotalEnergies), BMW, Mercedes, BASF et Solvay. Je ne ferai pas à ces entreprises l’affront de suggérer qu’elles croient en la réussite ce projet, compte tenu de ce que je viens d’en dire. En revanche, je les connais assez pour savoir qu’elles suivent l’odeur de l’argent public à la trace telles des chiens policiers, et qu’elles sauront bien en profiter, même si le projet est un fiasco.
La seule question qui demeure, à mon avis est celle du temps qu’il faudra pour qu’on décide d’abandonner le projet. Comme c’est un projet européen, ça risque d’être long.
En revanche, la conquête du marché mondial, en particulier le marché européen, par les Chinois risque d’être rapide car ceux-ci possèdent de nombreux atouts que n’ont pas les fabricants européens, parmi lesquels 15 années d’expérience et surtout un coût de main d’œuvre ultra-compétitif.
Le graphique ci-dessous, d’après les chiffres donnés par Wikipédia, montre que le marché s’est actuellement surtout développé en Chine qui représente plus de la moitié (56 %) du des immatriculations mondiales en 2021. On peut remarquer sur ce graphe une évolution sans croissance pendant 3 ans (2018 – 2019 - 2020) des immatriculations chinoises, qu’on peut probablement attribuer aux « années COVID ».
Le deuxième marché est représenté par l’Europe qui suit une croissance régulière qui la met à la moitié du niveau des immatriculations chinoises en 2021. L’Europe est suivie par les Etats-Unis, dont le marché est dominé à 70 % par Tesla qui mise sur des modèles lourds et luxueux. La raison en est que dans ce pays, les distances sont importantes et qu’il faut donc une autonomie réelle assez grande, apportée par des grosses batteries. Les dimensions du véhicule sont déterminées par celles de la batterie. Géographiquement, les immatriculations se développent essentiellement en Californie en raison d’une législation particulièrement favorable dans cet état.
L’ensemble des autres pays représente un total presque insignifiant au regard de ces trois régions géographiques.
Notons, fait singulier, que c’est semble-t-il la première fois dans l’Histoire qu’un développement commercial mondial est organisé en même temps sur le globe par les autorités de chacun des pays. Le principal moteur de la croissance du marché est en effet constitué par les aides gouvernementales à l’achat d'un véhicule électrique, et ce moteur est en train de faire la preuve de son efficacité. Il représentait en 2016 près de la moitié de la valeur d’achat du véhicule au Danemark, le tiers en Corée du Sud et l’Irlande, Le cinquième en France, aux Etats-Unis et au Japon. Voici un relevé de ces aides dans quelques pays :
Aide publique à la voiture électrique - 2016 |
|||||
Danemark |
Corée du Sud |
Irlande |
Chine |
France |
Royaume-Uni |
15 260 |
10 350 |
10 000 |
7 221 |
6300 |
6 022 |
Japon |
États-Unis |
Espagne |
Allemagne |
Italie |
Portugal |
5 976 |
5 512 |
5 500 |
4 000 |
3 000 |
519 |
Les aides gouvernementales sont cependant assorties de conditions variables suivant les pays. Aux Etats-Unis, par exemple, elles ne s’appliquent qu’aux VE assemblés sur le territoire national. La plupart sont, par ailleurs dégressives et doivent s’éteindre au bout d’un certain temps, ou lorsque le nombre de VE immatriculées dépassera un certain nombre.
La principale raison annoncée pour ces aides est l’urgence climatique. En effet, si la source d’électricité pour la recharge est décarbonée, la VE est certainement un moyen de déplacement qu’on peut considérer comme « écologique » en n’oubliant pas, cependant, que la fabrication du véhicule elle-même engage des émissions de CO2 nettement supérieures à celle d’un véhicule à moteur thermique, en raison, essentiellement, des émissions liées à la fabrication de la batterie. Ce dernier point entraine le fait qu’une VE doit rouler entre 30 000 et 50 000 kilomètres avant d’avoir atteint le stade où elle a “compensé“ le CO2 émis pour sa fabrication.
L’électricité dans les principaux pays où se développe l’achat des VE n'est cependant pas décarbonée, à l’exception de certains pays dont notamment la France, la Norvège, la Suède et le Danemark. Mettons que les mesures gouvernementales des autres pays sont prévisionnelles pour ne pas dire que certains pays font seulement comme les autres, mais que les mesures qu’ils adoptent en faveur de la VE n’auront aucun impact sur le climat.
En ce qui concerne la Chine, on peut imaginer qu’une autre forte raison a poussé le gouvernement chinois à favoriser la VE. C’est le fait que la Chine n’a que peu de ressources pétrolières, et se trouve donc être un importateur majeur de pétrole ce qui la rend dépendante d’autres pays. La VE est donc pour ce pays un puissant moyen de diminuer à terme ses importations de pétrole.
On a mesuré le taux de satisfaction des acheteurs de VE. Celui-ci est particulièrement élevé : Ainsi, chez Renault, il atteint 98 % pour la Renault Zoe et 95 % pour la Kangoo ZE, contre 50 % en moyenne pour les véhicules thermiques. Aux Etats-Unis, un sondage du magazine Consumer Reports place la Model S de Tesla en tête des taux de satisfaction devant les Porsche Boxster et Cayman, Corvette, Dodge Challenger et autres sportives de luxe. (source)
On peut donc imaginer que l’engouement actuel pour les VE est surtout le fait des “convaincus d’avance“ ce qui explique ce taux de satisfaction exceptionnellement élevé. Il est cependant possible que cette attitude soit réservée à ce seul cluster d’acheteurs, ce qui reviendrait alors à considérer que le marché accessible se limite à ce cluster, qui représente peut-être seulement 20 % des acheteurs de véhicules.
Par ailleurs, l’interdiction de fait des véhicules thermiques après 2035, votée par le Parlement Européen cet été doit encore être ratifiée par chacun des pays européens. Il est possible que plusieurs pays , dont en premier l’Allemagne refusent cette ratification, ce qui aboutirait, à terme, à réserver la VE à la place de second véhicule pour l’usage quotidien, le premier véhicule restant thermique ou hybride pour les déplacements longs.
Sur le Web : Contrepoints
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a réapparition de l’inflation a fait que le Gouvernement s’agite pour faire croire qu’il va améliorer le pouvoir d’achat, comme si une loi avait le pouvoir miraculeux de changer les règles de l’économie.
Voici une première évidence[1] qui ne parait pourtant pas être si évidente que ça aux yeux de nos médias :
Il est donc étonnant, et même peut-on dire inquiétant de voir que l’ensemble des médias et celui des politiques, depuis plusieurs semaines, acceptent le concept de cette amélioration comme si ce pouvoir était acquis, et qu’il suffisait maintenant de choisir comment on pourra le mettre en pratique.
Cela montre, en tout cas, l’inculture économique alarmante de l’ensemble des commentateurs. Le Président a bien essayé, au cours de son interview du 14 juillet, de remettre si possible « la Mairie au milieu du village » selon sa propre expression, en énonçant un point qui n’a malheureusement pas été développé et qui constitue une deuxième évidence :
Si on veut améliorer le POUVOIR D’ACHAT, il faut donc simplement que les Français travaillent plus[2], ou bien que leur productivité s’améliore, ce qui ne se fait pas en cinq minutes, et qui nécessite de gros investissements.
Les deux autres « méthodes » d’amélioration, que j’ai citées dans mon dernier article ne créent pas réellement de POUVOIR D’ACHAT supplémentaire :
La première consiste à prendre du pouvoir d’achat à certains pour améliorer celui d’autres personnes. La locution verbale « déshabiller Pierre pour habiller Paul » illustre parfaitement l’immoralité de cette méthode, en désaccord profond avec les articles 2 et 17 de la déclaration des droits de l’homme[3] et du citoyen de 1789, et pose en plus un problème de fond : qui peut s’attribuer le droit quasi divin de désigner qui doit payer et qui doit recevoir ? La gauche de l’échiquier politique a répondu depuis longtemps à cette question : celui qui appartient à la catégorie des riches doit donner, et les autres recevoir. Savoir qui rentre dans la catégorie des riches reste du domaine exclusif des politiques. (On ne s’attendait pas à moins de leur part). Le montant des contributions est déterminé par le montant de la distribution à assurer, appelée ici « redistribution », ce qui laisse supposer qu’une distribution préalable a déjà eu lieu. (Le mystère reste entier sur combien et quand).
Un système analogue a existé, qui tirait sa justification de la morale chrétienne et qui s’appelait la « charité ». Mais il y avait une nuance importante : le don était volontaire.
La deuxième méthode est une variante de la première. On l’a appelée le KoiKilEnKoute (KKEK). Elle consiste à emprunter les sommes à distribuer, le montant de la charge de l’emprunt (les intérêts) étant naturellement mis à la charge du contribuable actuel, et le remboursement du principal (le montant de l’emprunt sans les intérêts) à celle des contribuables futurs. Elle revient donc bien aussi à déshabiller Pierre (les contribuables) pour habiller Paul (les bénéficiaires).
C’est la méthode qui sera appliquée dans la loi dite sur le pouvoir d’achat. Personne ne parle de la provenance de l’argent qui y sera consacré, alors que c’est précisément tout le problème.
Certains politiques (toujours de gauche) sûrement trompés par la présentation du budget national qui respecte évidemment l’orthodoxie comptable, ont probablement considéré, en étudiant un peu rapidement peut-être les comptes de la Nation, que l’emprunt n’impliquait aucune sortie d’argent lorsque les taux était nuls ou négatifs, et pouvait donc être illimité. D’autres, comme Monsieur Mélenchon, malencontreusement inspirés par le comportement des bolcheviks en leur temps, pensent que ne pas rembourser les emprunts est une bonne méthode, mais oublient simplement que les préteurs se souviendront peut-être de la chose lorsqu’ils seront à nouveau sollicités après que le montant de l’emprunt aura été dépensé[4].
Cependant, à part les auteurs de ces quelques raisonnements spécieux, une majorité de personnes raisonnables semble d’accord pour considérer la méthode KKEK comme dangereuse, car elle parait régler un problème alors qu’elle revient simplement à décaler le règlement des factures en l’alourdissant du montant de la charge de l’emprunt. Il est curieux et inquiétant que pas une voix ne s’élève à ce sujet.
Voici une troisième évidence :
Si l’argent qu’ils distribuent ne provient pas d’un prélèvement sur le revenu ou le patrimoine des contribuables, il ne peut provenir que d’un emprunt. Or, même emprunté à un taux favorable, il faut bien rembourser un jour, et plus on rembourse tardivement, plus l’opération est coûteuse. Les personnes qui veulent vous persuader du contraire sont des irresponsables. Cette vérité toute simple et qu’il est facile de vérifier n’est malheureusement jamais clairement énoncée par le Gouvernement (mais on peut le comprendre), mais aussi par les médias qui, là, ne jouent pas le rôle d’informateurs qu’ils se sont attribués.
Par ailleurs, le KKEK consiste à créer de la monnaie. En effet, les banques commerciales ou centrales ont ce pouvoir que l’on pourrait qualifier d’exorbitant, lorsqu’elles ouvrent un crédit à une personne, une entreprise ou un Etat. Au moment de cette ouverture, la quantité de monnaie totale se trouve augmentée du montant du crédit. Mais étant donné que l’opération n’implique aucune création simultanée de valeur comme dans le cas de la fabrication d’un produit ou de la fourniture d’un service, nous arrivons à une quatrième évidence :
Le grand public en général et les médias en particulier confondent régulièrement deux phénomènes distincts et appellent “inflation“ l’augmentation constatée des prix. Or, ce phénomène n’est en fait que la conséquence de la véritable inflation. Celle-ci est, en réalité constituée par l'augmentation de la masse monétaiore qui provoque la diminution du pouvoir d’achat de l’unité monétaire (il faut plus d’euros pour acheter le même bien). Cette confusion provient de la méthode d’évaluation de cette inflation : comme il n’est pas possible de connaître exactement ni le montant de la monnaie en circulation, ni la valeur totale des biens achetables, la mesure de l’inflation se fait indirectement et imparfaitement en déterminant l’évolution de certains prix et en les affectant d’un certain « poids » afin d’arriver à un chiffre satisfaisant pour les autorités monétaires. L’INSEE est un grand spécialiste de ce genre de calcul, évidemment sujet à caution, car permettant toutes les dérives.
La distribution d’argent magique telle qu’elle est décrite dans la loi en cours d’élaboration procède du célèbre KoiKilEnKoute institué par le Président lui-même. Elle aggrave encore la situation peu enviable de la France, en ce qui concerne la dette publique. L’apparition de l’inflation durable, niée dans un premier temps par Madame Lagarde et par notre Ministre de l’économie et des finances Bruno le Maire, puis déclarée comme de courte durée par les mêmes personnes, est une conséquence directe du KKEK appliqué docilement pendant la crise du covid par les Gouvernements européens sous l’influence de notre Président. Les prétendues causes de cette inflation largement diffusées comme la guerre en Ukraine, ne sont pas exactes, mais naturellement largement acceptées parce qu’elles désignent un responsable commode en la personne de Monsieur Poutine. Et c’est une pratique universellement utilisée dans l’Histoire, de désigner nommément un coupable lorsque le bon peuple se trouve confronté à un évènement néfaste.
Les évènements en question sont complexes, et les relations entre eux sont très diverses. Oui Monsieur Poutine porte la responsabilité du déclenchement des hostilités contre l’Ukraine. Mais la situation de dépendance totale de l’Europe en ce qui concerne le gaz n’est pas de son fait. Et il est logique qu’il profite de la situation. La force de la Russie réside dans sa situation de fournisseur de ressources fossiles indispensables. On ne peut pas reprocher au fort sa force. Et on aurait pu prévoir cette situation avant, car toutes les données du problème étaient déjà connues.
Par ailleurs, souvenons-nous du moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste en France voté par nos députés en 2011 et confirmé en 2013 par le Conseil Constitutionnel (source), qui a interdit pratiquement l’exploitation de cette source d’énergie alors que les réserves du sous-sol français estimées par l’agence américaine de l’information sur l’énergie[5] nous assureraient 80 ans de consommation actuelle (source). Actuellement, nous achetons du gaz de schiste américain au lieu d’exploiter nos propres réserves. On ne voit pas très bien les avantages de cette situation. En revanche, les inconvénients sont évidents…
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lections obligent, nos politiques et leurs commentateurs ont inventé un mythe : les gouvernements auraient le pouvoir magique d’augmenter le pouvoir d’achat des Français.
Comment est née cette idée ? Le mystère reste entier pour le moment.
Quoi qu’il en soit, cette faculté économique attribuée en priorité au Président, bien que réfutée timidement par lui-même au cours d’un bref face-à-face télévisé avec un électeur, est acceptée telle quelle par tous les commentateurs que j’ai entendus. Aucun n’a émis le moindre doute sur ce pouvoir véritablement magique. Même l’objection consistant à dire que « si c’était possible, ce serait appliqué depuis longtemps » n’est pas prise en considération.
Mais peut-être faudrait-il d’abord définir ce que l’on entend généralement par pouvoir d’achat. On a, en effet, vu souvent des polémiques naître parce que les interlocuteurs ne s’étaient pas entendus au préalable sur les définitions…
Selon Wikipédia : « Le pouvoir d’achat d’un revenu — par exemple le salaire — c’est la quantité de biens que ce revenu permet d’obtenir. »
Elle indique clairement qu’en réalité, le pouvoir d’achat c’est simplement un autre mot pour désigner le revenu.
Bien souvent, lorsqu’on veut mettre au menu des discussions une question quelconque, on commence par lui attribuer un nom bien ronflant sous la forme d’un néologisme donnant l’impression qu’il s’agit d’un sujet nouveau, alors qu’en réalité, c’est une question déjà largement connue qui est présentée.
En effet, qu’aurait donné « la question du revenu » ? Certainement pas grand-chose. Il n’y a pas, dans ces simples termes, l’étincelle qui fait le buzz. Alors que « la question du pouvoir d’achat », c’est déjà tout un programme. Il y a pouvoir au sens de potentiel. Et aussi achat, qui donne des envies de shopping, et suggère la malversation, ce qui est important pour voir monter la température de la discussion. On ne peut être qu’en admiration devant le pouvoir du mot nouveau…
Dans le cadre de ses pouvoirs, le Président peut décider d’enclencher une hausse du point d’indice de tous les fonctionnaires dont le salaire est fixé par ce fameux indice. Mais les sommes nécessaires à cette augmentation seront, bien sûr, intégrées dans le budget rectificatif, ce qui signifie, soit qu’elles feront l’objet d’un nouvel emprunt, et donc sortiront à terme de la poche des contribuables, soit qu’elles proviendront d’un impôt nouveau, et sortiront donc immédiatement de la même poche.
En réalité, dans cette opération de point d’indice, il n’y a donc qu’un transfert d’une poche vers une autre. Les choses sont sous-entendues, et donc souvent malentendues, mais cela signifie très précisément que l’augmentation du pouvoir d’achat des fonctionnaires par augmentation du point d’indice ne peut se faire qu’en prélevant l’argent correspondant dans la poche de certains contribuables non fonctionnaires, ce qui revient évidemment à diminuer leur pouvoir d’achat.
Mais je vous trompe peut-être un peu en suggérant que le Président ne dispose pas du pouvoir réel d’augmenter le revenu des Français. En réalité, il peut aussi, par l’opération dite du « quoi qu’il en coûte », augmenter le nombre qui représente le revenu de certains ménages français. Cet intéressant procédé d’augmentation s’apparente à un autre procédé, à savoir la « monnaie hélicoptère ». Ce dernier consiste à faire bénéficier certains ménages d’un chèque d’un montant ayant un certain effet sans qu’il soit cependant trop élevé pour ne pas trop obérer les finances nationales. On la nomme monnaie hélicoptère parce qu’elle est comparable à l’opération consistant à distribuer à la population des paquets de billets de banque fraichement imprimés.
Le mot chèque est ici employé pour l’image, mais pour être exact, il s’agit plutôt de virements.
Pour pouvoir faire face à toutes les dépenses, y compris les dépenses non budgétées comme cette dernière, c’est l’agence France Trésor qui a la charge d’emprunter en permanence les fonds nécessaires.
Dans le cas présent, l’augmentation de la quantité d’euros émis ou empruntés par l’État viendra malheureusement diminuer la valeur (le pouvoir d’achat) de l’euro : c’est le phénomène qu’on appelle de l’inflation car cet argent magique mis en circulation ne correspond à la création d’aucun bien ni service. Le nombre qui représente le montant du revenu des heureux bénéficiaires sera bien augmenté, mais les prix à la consommation aussi, puisque le nombre d’euros en circulation aura augmenté 1. Et l’augmentation des prix constituera probablement une raison suffisante pour augmenter les salaires que d’aucun voudraient d’ailleurs voir indexés sur les prix. Ainsi, tout sera en place pour l’installation d’une inflation significative et durable.
Il est important de noter cependant que l’augmentation générale des prix provoquée par une création monétaire exagérée n’intervient, par expérience, que plusieurs années après cet afflux de monnaie – plus qu’un quinquennat donc – si vous voyez où je veux en venir.
La production nationale, ou Produit Intérieur Brut est constituée par la somme des productions de chaque Français. Celle-ci peut être constituée par des biens tangibles (par exemple, un agriculteur produit des pommes de terre), ou par des services (le plombier répare une fuite, le commerçant met certains objets ou services à votre disposition, l’artiste vous réjouit au spectacle de ses œuvres).
Il existe un autre indicateur économique que l’on calcule à partir du PIB : c’est précisément le Revenu National Brut (RNB) 2 qui peut être considéré comme la somme de tous les revenus des Français. Il est calculé par l’INSEE à partir du PIB, et les deux indicateurs sont reliés par la formule suivante :
RNB = PIB + revenus nets reçus de l’étranger.
Par exemple, en 2015 en France, le RNB valait 2216 milliards d’euros contre 2181 milliards d’euros pour le PIB. La différence entre les deux indicateurs provient essentiellement du revenu des travailleurs frontaliers.
Comme les revenus nets reçus de l’étranger peuvent être considérés comme indépendants du PIB, il s’ensuit que les variations du RNB suivent les variations du PIB. Donc, si on augmente le PIB, le RNB se trouve augmenté d’autant, à condition toutefois de ne pas toucher au reste.
L’égalité et la remarque précédente nous permettent d’inférer une importante propriété : pour augmenter les revenus, il faut et il suffit d’augmenter la production ; et inversement, bien sûr.
Rappelons cependant que le gouvernement et les politiques en général ne produisent rien et sont donc incapables de modifier directement le montant de la production française. Mais ils peuvent mettre en place des mesures qui inciteront les Français à modifier leur production.
Lorsque la production nationale a été diminuée en passant le temps de travail hebdomadaire de 38 à 35 heures, le RNB a été du même coup diminué globalement et donc le revenu des Français, ce qui n’était peut-être pas l’objectif premier des défenseurs de cette mesure.
Pour le gouvernement, il existe trois moyens pour augmenter le pouvoir d’achat des Français :
Procédé 1
Prendre dans la poche de certains (ceux qui ne peuvent pas contester pour diverses raisons), pour verser dans la poche des autres (ceux qui manifestent ou qui occupent les ronds-points).
Procédé 2
Appliquer le « quoi qu’il en coûte » qui revient à augmenter le montant des revenus, mais aussi celui des prix, et qui s’appelle l’inflation3.
Procédé 3
Augmenter la production en augmentant, par exemple, le temps de travail, mais sans toucher au montant des salaires.
Quel procédé parmi ces trois sera choisi par le gouvernement français, et introduit dans la (lourde) Loi pouvoir d’achat en préparation ?
Sur le Web : Contrepoints
u cours de ma carrière, j’ai eu de très nombreuses discussions commerciales internationales parce que c’était mon job de Business manager, d’abord dans une grande société chimique française un temps nationalisée, puis dans deux entreprises américaines successives. J’y ai acquis, après de nombreuses années de pratique, une certaine expérience dans ce domaine. J’ai donc, nécessité oblige, assimilé la stratégie de nombreux acheteurs internationaux.
Ceux-ci n’ont pas pour mission, comme on le croit trop souvent, d’obtenir le prix le plus bas de la part de leurs fournisseurs, en utilisant la puissance de leur organisation. Ou, plus exactement, ce n’est pas leur première mission. Leur première mission, c’est d’assurer la sécurité de l’approvisionnement de leur entreprise. Et, la sécurité d’approvisionnement, ça consiste à être approvisionné même, et même surtout, en cas de pénurie. Pour cela, le bon acheteur accepte souvent de payer un prix qui peut être élevé, et même bien plus élevé que son concurrent et voisin. Le temps prouve que c’est une stratégie qui paye. En effet, dans le domaine des intermédiaires de synthèse, et a fortiori dans le domaine de la santé, les pénuries se manifestent périodiquement, en raison d’évènements extérieurs divers1. Et c’est dans la pénurie que l’on peut distinguer les bonnes stratégies des mauvaises.
Grace à l’imprudence d’une secrétaire d’Etat belge (Eva de Bleeker), on connait avec précision les prix acceptés par Madame Ursula Von der Leyen (UVDL), la Présidente actuelle de la Commission Européenne. On connait aussi quelques prix payés par d’autres clients : les Etats-Unis et Israël par exemple. C’est grâce au niveau de ces prix que l’on peut se faire une idée précise de la stratégie d’achat de Madame UVDL. Celle-ci semble tenir en peu de mots : « dépenser le moins possible pour les vaccins ». Ce qui est une stratégie qui, en ces périodes de dépenses tout azimut avec de l’argent magique, a probablement recueilli l’aval de l’ensemble des chefs d’Etats membres de la Commission Européenne.
Madame UVDL possède, entre autres, une formation de médecin. Ce qui est certainement une formation appréciée pour s’occuper de vaccins. Sa thèse de docteur a malheureusement été contestée par certains pour cause de plagiat. Cependant, la Faculté de Hanovre n’a pas décidé de lui retirer son titre de docteur.
Elle a également fréquenté, du moins d’après ses affirmations l’Université de Stanford. Certains disent cependant que pendant son séjour en Californie, elle était plutôt mère au foyer. Pour tenir compte des deux points de vue, on peut penser qu’elle a effectivement suivi quelques cours, mais qu’elle n’était pas en cours d’économie lorsque le professeur a parlé des stratégies d’achat et de vente…
Madame UVDL n’est pas très populaire en Allemagne, où on l’accuse, par exemple, d’avoir fait preuve de mauvaise gestion du budget de la Défense lorsqu’elle avait en charge ce ministère.
A part ces petites imperfections (tout le monde ne peut pas être parfait), Madame UVDL a parfaitement exécuté le plan d’achat qu’elle avait développé devant la Commission Européenne. Était-il le meilleur possible ? That is the question auraient dit nos amis britanniques s’ils étaient encore membres de la Communauté Européenne.
Les prix payés par quelques pays sont les suivants si on en croit la presse, (source, source).
Pour l’Europe : 1,78 euro l'unité chez AstraZeneca, 6,93 chez Johnson & Johnson, 7,56 chez Sanofi/GSK, 10,00 chez Curevac, 12,00 chez Pfizer-BioNTech et 14,68 chez Moderna. Les États-Unis payeraient 19,50 dollars, tandis qu’Israël aurait payé 22,70 dollars la dose.
Tous ces prix résultent d’une négociation commerciale entre les représentants des fabricants de vaccin et Madame UVDL certainement secondée dans ses discussions par quelques petites mains. Mais parmi ces petites mains, il n’y avait probablement pas de spécialiste de la fabrication des vaccins. C’est regrettable, car de ce fait, la discussion a surtout porté sur les prix, et probablement pas assez sur les délais et les conditions de livraison.
Les choses auraient roulé certainement facilement si les seuls intervenants dans l’affaire avaient été les fabricants de vaccin d’une part, et un seul acheteur, l’Europe d’autre part. Malheureusement, il y avait aussi les autres pays acheteurs potentiels, qui souhaitaient, eux aussi, protéger leur population quel qu’en soit le prix. Et lorsque le patron de Pfizer (par exemple) a réalisé la demande des autres pays, et surtout les conditions qu’ils y mettaient et que j’ai mises en italique, il a probablement pris son téléphone et il a remonté les bretelles des négociateurs européens de Pfizer qui avaient concédé un prix ridicule à Madame UVDL. (Je sais ce qu’il s’est dit comme si j’avais assisté à la conversation, car j’ai moi-même été négociateur en Europe sous les ordres d’un patron américain).
Bert (prénom du patron américain de Pfizer Albert Bourla) : « Retirez n doses de vaccins sur les m doses prévues pour l’Europe, et envoyez-les aux USA et en Israël ! »
Négociateur : « Mais, Bert, nous avons un contrat avec les Européens ! »
Bert : « Inventez une histoire. Dites par exemple que vous modernisez l’usine afin d’augmenter (pour plus tard) la production. N’importe quoi de crédible et qui soit en accord avec le contrat qui a été (très bien d’ailleurs) rédigé par nos avocats. Enfin, faites ce qu’il faut, do your job !
Négociateur : « Bien compris Bert… »
Et voila pourquoi l’Europe manque de vaccin par rapport à Israël ou aux Etats-Unis.
Vous voulez des preuves de ce que j’affirme ? Les voici.
Il est très intéressant de comparer entre eux les pays au moyen d’un chiffre qui s’affranchit du nombre d’habitants de chaque pays. Pour cela, il suffit de prendre le nombre de vaccinations effectuées par pays et de le rapporter au nombre total d’habitants de ce pays. On obtient ainsi des pourcentages indépendants de la population de chaque pays, pouvant être comparés entre eux.
On peut par exemple comparer ainsi le nombre de vaccinations cumulées entre la France et l’Allemagne. Voici les graphiques correspondants :
La courbe bleue représente l’évolution dans le temps du pourcentage de personnes ayant reçues la première vaccination en Allemagne, et la courbe orange représente l’évolution dans le temps du pourcentage de personnes ayant reçu les deux injections.
La courbe bleue est presque droite, ce qui indique que dès le début des vaccinations le nombre quotidien de vaccination est constant.
Après une certaine hésitation, la courbe orange devient presque parallèle à la courbe bleue.
Voici maintenant les mêmes courbes pour la France :
La courbe bleue de la France (première vaccination) présente deux caractéristiques remarquables :
Le cas de l’Espagne est intéressant :
Les premières vaccinations démarrent tambour battant, mais s’essoufflent ensuite rapidement … les secondes injections ne semblent, cependant, pas souffrir de la même façon que les premières. La somme des deux opérations (courbe pointillée verte) nous donne la clé de ces variations étranges : il apparaît que c’est le manque de vaccins, d’opérateurs (ou de locaux, ou de seringues) qui limite le nombre des vaccinations. En effet, la courbe des sommes prolonge presque exactement la courbe des premières vaccinations. Sa pente représente le régime maximum, et le régime des deux vaccinations dépendent l’un de l’autre puisque l’évolution de la somme des deux apparaît de pente constante.
Remarquons que l’égalité entre pays en Europe semble parfaitement respectée : chaque pays reçoit la même fraction de vaccins : la pénurie est partagée, personne ne peut réclamer.
Regardons maintenant les courbes comparées des USA, d’Israël et de l’Europe représentée par la courbe de l’Allemagne, car toutes les courbes des pays européens se ressemblent.
On constate qu’Israël avait vacciné (première injection) environ 40 % de sa population au début du mois de février. A la même époque, les Etats-Unis avaient fait de même pour environ 10 % de leur population, tandis que l’Allemagne, bien représentative de la moyenne européenne se traîne en-dessous de 3 % de sa population à la même date. J’ai calculé le prix moyen payé par l’Europe pour les vaccins Pfizer et Zeneca et converti celui-ci en dollars. Les prix payés par les trois pays figurent sur les trois courbes, et on constate qu’il y a une corrélation certaine entre le prix payé par chaque pays pour le vaccin et la vitesse avec laquelle ces pays reçoivent le vaccin.
On comprend mieux pourquoi l’Europe a des difficultés pour être approvisionnée …
Persuadée de la puissance de sa masse de commande, l’Europe a un peu trop forcé les prix du vaccins vers le bas sans réaliser que la sécurité d’approvisionnement devait, elle aussi, être rémunérée et justifiait un prix à payer plus élevé.
D’après ces chiffres, on pourrait d’ailleurs calculer le prix de la vie humaine estimé par Madame UVDL. C’est le montant des économies réalisées entre le prix payé par l’Europe et le prix payé par disons par exemple les USA divisé par le nombre de morts supplémentaires en Europe du fait du retard dans les vaccinations. On s’apercevrait aussi, je pense, que les économies réalisées sur l’achat des vaccins du fait de la pression exercée pour faire baisser les prix sont parfaitement dérisoires en comparaison des centaines de milliards mis sur la table à l’occasion de la pandémie. L’exercice de la politique est parfois terrible…
Certains intermédiaires de synthèse ou matières actives connaissent des cycles qui passent périodiquement par un état de pénurie. Ces cycles ont été très bien étudiés [i]. J’ai connu à travers le monde des acheteurs qui acceptaient un prix substantiellement plus élevé que le prix dit « de marché » contre la garantie d’une livraison en cas de pénurie. Les acheteurs qui pratiquent cette méthode font souvent gagner beaucoup d’argent à leur entreprise. Ils en font aussi gagner à leur fournisseurs, selon le système gagnant-gagnant, puisqu’ils acceptent des prix plus élevés. Mais dans ce cas, les acheteurs sont des professionnels rompus à l’exercice de leur métier…
Les données chiffrées concernant les vaccinations dans les différents pays ont été tirées de ce site.
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