Monsieur le Président,
Votre parcours, pour conquérir le pouvoir a pratiquement été un sans-faute, et mérite sincèrement notre admiration.
En effet, partant d’une analyse rigoureuse de la situation ainsi que d’une évaluation sans parti-pris de vos chances, vous êtes arrivé à la victoire par un enchaînement de choix toujours stratégiquement justifiés. Mais vous avez également su construire pas à pas une formidable majorité qui vous assurera, n’en doutons pas, de conserver une liberté de manœuvre unique dans les annales de la Vème République
. Même le Général de Gaulle n’avait pas, en son temps, toutes les possibilités que vous avez aujourd’hui pour façonner les institutions à votre vision, et pour faire évoluer la loi vers vos convictions, même les plus légères.
Cependant, il y a une partie du travail que vous vous êtes assigné, qui n’a peut-être pas fait l’objet d’autant de minutie que le reste de votre immense chantier : je veux parler du choix de vos conseillers.
Certes, vous avez bien choisi presque tous vos Ministres, en préférant très généralement la compétence à la popularité, évitant le piège mortel dans lequel était tombé votre prédécesseur, ce qui lui a été fatal (ou plutôt, pour être parfaitement juste, ce qui est à ranger avec les nombreux éléments qui lui ont été fatals, non pas seulement par leur addition, mais parce que chacun d’entre eux était fatal en lui-même)…
Je ne vais pas faire l’inventaire de tous vos Ministres, la liste en serait trop longue. Je n’en désignerais qu’un seul, parce que son choix était définitivement mauvais du fait que vous avez là privilégié la popularité à la compétence, et parce que vous lui avez remis une arme redoutable entre les mains, décision aux effets potentiellement létaux un peu comme de confier à un enfant une mitrailleuse lourde : je veux parler de Monsieur Hulot et de l’arme que constitue, entre ses mains, l’ADEME. Monsieur Hulot est certes une personne sympathique sous de nombreux aspects. Cependant, ses compétences en matière d’environnement n’ont, à ma connaissance été sanctionnées par aucun diplôme. Sa biographie Wikipédia n’indique même pas s’il a obtenu son baccalauréat0. Cette lacune, je vous l’accorde, n’indique pas que le sujet est incapable. Cependant, on ne confie pas une machine-outil numérique à une personne non titulaire d’un certificat d’aptitude vérifié. Non plus que l’on demande à une personne dépourvue du permis de conduire adéquat de conduire un camion de quarante tonnes. Pourtant, vous avez confié à Monsieur Hulot, entre autres, le soin de mener à leur terme les missions de conduire la transition énergétique vers ses objectifs, ainsi que la tâche d’éliminer, par tous les moyens, l’usage des pesticides dans l’agriculture.
Vos conseillers, puisés, entre autres dans l’immense réservoir de l’ADEME (plus de mille collaborateurs) vous ont, à votre insu, transmis leurs convictions en matière d’environnement, ce qui est un schéma classique, dans une société constituée d’une part d’activistes et d’autre part d’ignorants, mais en même temps un danger : voyez le comportement des nouveaux convertis à la politique verte. Analysez sans passion par exemple les déclarations outrancières de Monsieur Mélenchon en ce qui concerne l’environnement : en ressentez-vous le caractère instable ainsi que les conséquences désastreuses qu’auraient leur application ? Eh bien Monsieur le Président, permettez-moi de vous signaler que je ressens, en ce qui vous concerne, les mêmes inquiétudes.
Le Plan de la transition énergétique ne marchera pas, car il est fondé sur des convictions, et non pas sur des faits scientifiques.
- Le remplacement des centrales nucléaires par des éoliennes outre qu’il conduit à une augmentation importante du prix de l’énergie, conduit en même temps à une augmentation de la production de CO2. Regardez en détail ce qui se passe au Danemark et en Allemagne. Demandez des chiffres sur cette production à vos conseillers.1, ne voyez-vous pas apparaître un léger problème ? Vos conseillers ou votre Ministre vous ont-ils jamais parlé de ces chiffres ? Pensez-vous qu’il soit cohérent, vu ceux-ci, de décider la fermeture du site de Fessenheim ?
- La production d’énergie électrique uniquement par des éoliennes ou des panneaux solaires suppose la mise en place de moyens de stockage de l’énergie électrique qui n’existent tout simplement pas aujourd'hui, malgré des efforts de recherche intensifs menés dans de nombreuses parties du monde. A-t-on le droit de faire une telle impasse ? Vos conseillers ont-ils jamais évoqué ce problème devant vous ?
Voyons maintenant le problème des pesticides.
Innocemment entretenue par les faiseurs d’opinion de la partie de la population qui se juge « moderne », l’hystérie « anti-chimique et retour au naturel » venue d’outre-Atlantique entretient maintenant des évidences qui se rapprochent dangereusement des lieux communs en vigueur aux périodes les plus obscures du Moyen-Age. Malgré les travaux de Pasteur et de ses très nombreux successeurs, la distinction étrange entre les produits bêtement issus de processus chimiques et les produits issus du vivant est devenue une évidence non seulement pour les ignares, mais aussi pour la plupart des politiques jusque aux plus hauts sommets de l’Etat. Cette distinction, aussi fortement implanté dans les esprits faibles que totalement sans fondement sur le plan scientifique ne peut même plus être abordé par les scientifiques interrogés par les médias, car le risque est grand de se faire rappeler à l’ordre par la censure verte. Il conduit les consommateurs à obéir à des principes bizarres comme « manger bio est bon pour la santé » alors qu’aucune étude scientifique sérieuse n’a jamais démontré cette affirmation. De ce fait, circulent maintenant des inepties du genre « augmenter le bio dans les cantines scolaires » ou « favoriser l’installation de l’agriculture bio », au prétexte que « le bio c’est naturel » et que « le naturel, c’est bon pour la santé ».
La consommation bio est fondée sur un énorme malentendu, soigneusement entretenu par les acteurs de la filière. En effet, compte tenu de la propagande incessante du lobby du bio, les Français sont très majoritairement convaincus du danger que représente les pesticides, et donc de l’intérêt de les éliminer du processus de l’alimentation. Cependant, ils ignorent que les produits bio contiennent aussi des pesticides. Mieux : alors que le bio représente, en France, moins de 10 % du tonnage de la production agricole française, le tonnage des pesticides utilisés en agriculture bio dépasse maintenant celui des pesticides utilisés en agriculture conventionnelle. Le saviez-vous ?
Votre intervention récente au salon de l’agriculture a montré que vous aussi, Monsieur le Président êtes atteint par le syndrome anti-pesticide : vous avez paru préoccupé de la santé des agriculteurs qui pourraient être appelés à manipuler du glyphosate, dont vous avez même comparé les risques supposés à ceux de l’amiante. Pourtant, seul le CIRC, contredit en cela par l’ensemble des organismes de sécurité mondiaux, prétend que ce produit est « probablement cancérigène ». Savez-vous que le National Cancer Institute américain n’a pas trouvé, dans une étude récente (2017) portant sur 50 000 travailleurs agricoles, de lien entre le cancer et l’emploi du glyphosate ? Décidément, vos conseillers, dans ce domaine, paraissent bien orientés…
Je me permets de vous soumettre ci-dessous une proposition qui pourrait peut-être de lever le malentendu concernant les pesticides et l’agriculture bio :
Vous savez (ou peut-être vous ignorez) que le pesticide le plus utilisé en agriculture bio est le cuivre sous la forme de sulfate de cuivre, ou bouillie bordelaise. Notons au passage, que ce produit chimique, malgré son nom fleurant bon le naturel du traditionnel, est bien un produit chimique de synthèse, puisque sa synthèse2 consiste à faire réagir l’acide sulfurique (produit pas très naturel) sur du cuivre (produit pas plus naturel). Une partie des ions cuivre de la bouillie bordelaise se retrouvent dans le sol dans lequel ils s’accumulent. Cette accumulation provoque d’abord la mort des lombrics ainsi que celle des micro-organismes, agents biologiquement importants pour l’entretien des sols. A la longue, elle finit par rendre les sols impropres à toute culture. Le saviez-vous ? Parallèlement à la pollution du sol, le cuivre se retrouve sur la peau des fruits ou légumes traités. Notons au passage que les organisations anti-pesticides, toujours promptes à dénoncer la présence de pesticides non autorisés en agriculture biologique s’abstiennent toujours de faire rechercher la présence de pesticides comme le sulfate de cuivre dans les fruits et légumes bio car elles connaissent parfaitement la toxicité du cuivre qui est un métal lourd.
Ma proposition consiste, vue cette toxicité avérée, à demander à vos conseillers environnement leur opinion sur l'interdiction en France de l’utilisation du cuivre comme pesticide. Ce produit est un poison et il est donc logique de l’éliminer dans le cadre de votre mission de protection de la santé des Français. D’ailleurs, d’autres pays de la communauté européenne comme le Danemark l’on déjà interdit. Le saviez-vous ? Je suis sûr que cette proposition d’interdiction permettrait à une partie de la vérité scientifique de se faire jour, et que peut-être certains consommateurs comprendraient brusquement qu’ils fondaient leurs principes nutritionnels sur des bases incorrectes. Monsieur le Président, est-ce éthiquement correct de les laisser dans l’erreur ?