Traduction d'un article du Cato Institute par Patrick J. Michaels et David E. Wojick
La modélisation par ordinateur joue un rôle important dans toutes les sciences, mais il peut y avoir trop de bonnes choses. Une simple analyse sémantique indique que la science climatique est aujourd'hui dominée par la modélisation. Ce n'est pas une bonne chose.
Ce que nous avons fait
Nous venons de trouver deux associations de statistiques surprenantes. Pour y arriver, nous avons tout d'abord exploré la littérature scientifique des dix dernières années dans son ensemble avec Google Scholar en ce qui concerne la modélisation. Il y a grossièrement 900 000 articles de journaux revus par des pairs qui contiennent au moins un des mots-clés "model", "modeled" ou "modeling"1. Cela indique que les modèles sont largement utilisés en science. Pas de surprise ici.
Cependant, quand nous avons filtré ces résultats afin de conserver uniquement les articles qui contenaient aussi le terme "climate change"2 nous avons observé quelque chose d'étrange : le nombre des articles est seulement réduit à environ 55 % du total primitif.
En d'autres termes, tout se passe comme si la science du changement climatique comptait pour 55 % de toutes les modélisations en science. C'est une concentration incroyable : en effet, la science du changement climatique représente une toute petite fraction de l'ensemble de la science. Dans le budget fédéral de la recherche des Etats-Unis, la science climatique représente seulement 4 % du total, et le changement climatique ne concerne pas la totalité de la science climatique.
Pour faire court, il apparaît que 4 % de la science, soit la partie représentée par le changement climatique, effectue 55 % des modélisations effectuées dans l'ensemble des sciences. Encore une fois, c'est une concentration incroyable et unique en science.
Ensuite, nous avons trouvé que lorsque on recherche avec seulement le mot-clé "climate change"2 on trouve très peu d'articles supplémentaires par rapport à ce qu'on avait trouvé avant. En fait,le nombre d'articles sur le changement climatique qui contiennent au moins l'un des trois termes concernant la modélisation représente 97 % du nombre total des articles contenant le terme "climate change"2. C'est une preuve supplémentaire de ce que la modélisation domine complètement la recherche sur le changement climatique.
En résumé : il apparaît que quelque chose comme 55 % des modélisations effectuées dans toute les sciences le sont dans la science du changement climatique, même si celle-ci ne représente qu'une toute petite fraction de l'ensemble des sciences. En science climatique, la presque totalité de la recherche (97 %) consiste à faire de la modélisation.
Cette simple analyse pourrait être largement raffinée, mais étant donné la magnitude des chiffres comparés, il est très peu probable que les résultats en seraient beaucoup affectés.
Ce que cela signifie
La science climatique se focalise sur la modélisation de manière obsessionnelle. La modélisation peut être un outil très utile, un moyen d'étudier de multiples hypothèses pour en explorer les implications et pour les comparer aux observations. C'est ainsi que la modélisation est utilisée dans la plupart des sciences.
Cependant, pour la science du changement climatique, il apparaît que la modélisation est devenue une fin en soi. En fait, il semble qu'elle soit devenue virtuellement la seule activité de recherche dans ce domaine. L'objectif affiché des modélisateurs, c'est de faire des prévisions climatiques comme l'on fait des prévisions météorologiques aux échelles locale et régionale.
Le problème, dans le cas présent, c'est que la compréhension scientifique des processus climatiques est loin d'être suffisante pour permettre des prévisions fiables. La recherche sur le changement climatique devrait se concentrer sur l'amélioration de notre compréhension des phénomènes, et non sur la modélisation de notre ignorance. Cela s'est montré spécialement vrai récemment à propos de la variabilité naturelle à long terme : le problème de l'attribution qu'ignorent généralement les modélisateurs. Il semble que la charrette de la Modélisation soit très loin devant le cheval de la Science...
La modélisation n'est pas la science climatique. Par ailleurs, la recherche actuelle en sciences climatiques apparaît se concentrer fortement sur l'amélioration des modèles. En faisant ça, elle considère que les modèles sont fondamentalement corrects, et que la science de base est assurée. C'est, en fait, loin d'être vrai.
Les modèles sont fondés sur l'hypothèse du changement climatique causé par l'homme. Pour ces modèles, l'influence de la variabilité naturelle existe à court terme, mais elle est considérée comme négligeable à long terme. Cependant, il y a de nombreuses preuves sur le fait que la variabilité naturelle joue un rôle majeur dans le changement climatique. Nous semblons avoir oublié que nous sommes sortis seulement récemment de la dernière glaciation du Pléistocène, il y a environ 11 000 ans.
Des milliards de dollars de recherche sont dépensés (aux USA ndlt) sur ce concept à vision unique. Pendant ce temps, la question scientifique centrale - l'attribution du changement climatique à des causes naturelles ou à des facteurs humains - reste largement ignorée.